Car la grande histoire s’écrie avec les petites, les nôtres
Car la grande histoire s’écrie avec les petites, les nôtres
Ne lui dites surtout pas que vous n’avez rien à raconter, Marie-Françoise N’GORAN ne le croira pas ! Elle est persuadée que nous avons toutes et tous une information, un récit qui pourrait intéresser quelqu’un, quelque part. C’est d’ailleurs ce qu’elle veut traduire dans son projet Raconte-moi notre famille : nos histoires individuelles participent à l’écriture de la grande histoire, celle de l’humanité.
Un melting pot inspirant
Née à Lille, élevée en Côte d’Ivoire entre un père ivoirien, une mère lilloise et une grand-mère belge, Marie-Françoise est ce que l’on appelle multiculturelle ! Même son lycée regroupait jusqu’à soixante nationalités différentes. Rien d’étonnant, donc, à ce que son mari et, par ricochet, son fils, aient également plusieurs cultures à leur actif. Marie-Françoise s’est construite et s’est nourrie de ce melting pot naturel. Profondément passionnée par la nature humaine, elle aime découvrir la singularité de chaque culture et ressortir des points de similitude entre deux univers a priori complètement distincts l’un de l’autre.
Je suis une citoyenne du monde.
Et, avec son projet Raconte-moi notre famille, elle aimerait que chacun se rende compte et profite de cette richesse humaine qui compose nos sociétés.
Un besoin identitaire
L’inconvénient d’une telle diversité de cultures, c’est que l’une de nos origines peut être minorée au profit d’une autre. La mère va souvent éduquer selon sa culture, les migrations imposent, parfois, de renier une part de ses traditions, etc. C’est alors une part de soi qui s’estompe plus ou moins. C’est, en tout cas, ce qu’a vécu Marie-Françoise. Bien qu’ayant grandi en Côte d’Ivoire, elle a reçu une éducation occidentale, laissant peu de place à la part africaine de son histoire.
Durant une période de chômage et de questionnements personnels, elle se rend compte que cette part d’elle-même lui manque, qu’elle a besoin de la retrouver pour avancer dans sa vie personnelle et professionnelle.
Elle décide, donc, d’entamer la biographie de son père. Très vite, le projet s’étend à ses grands-parents et encore d’autres aïeux paternels. D’histoires en histoires, Marie-Françoise prend conscience de la richesse d’informations que chaque être humain a en lui, encore plus dans une culture de l’oralité comme l’est la culture africaine. En effet, elle se heurte rapidement aux limites de la mémoire des conteurs et, malheureusement, aucun écrit pour pallier ces lacunes. Il existe bien des recherches et des textes, mais ils sont davantage à portée scientifique, sociale ou ethnologique et ne traduisent en rien la richesse culturelle des récits humains.
C’est alors que germe l’idée de Raconte-moi notre famille …
Un projet de cœur pour rester engagée
Marie-Françoise parle de son projet d’écriture autour d’elle et constate que certaines personnes détiennent des informations alors que d’autres en recherchent. Il ne lui en fallait pas plus pour lancer sa réflexion et faire fuser les idées !
Mon ambition, faire se rencontrer les gens qui savent et ceux qui cherchent à savoir !
Pour cela, elle prévoit la création d’une plateforme en ligne où chacun pourra venir raconter son histoire personnelle, apporter des éléments historiques ou trouver l’information qui lui manque pour compléter sa propre histoire.
« Ce n’est ni de la généalogie, ni de l’état civil ». Le but de cette plateforme est de se raconter, de partager, de se découvrir des points communs, même avec d’autres cultures. Marie-Françoise sourit encore en évoquant le souvenir de son père ayant rencontré une personne asiatique dont le prénom se prononçait exactement comme son deuxième prénom. « Un lien presque fraternel est naît instantanément entre eux, c’est la notion d’humanité qui prend tout son sens lorsqu’on se raconte … ». Comme l’expliquait Amadou Hampâté Bâ à l’UNESCO, la mort de chaque Homme est « comme l’incendie d’un fond culturel non exploité », et pas seulement dans la culture africaine. Avec sa plateforme partagée et la communauté qui en naîtra, Marie-Françoise espère soutenir ce patrimoine, lui donner un support pour le faire durer.
Car, la grande histoire s’écrie avec les petites, les nôtres.
En ouvrant ainsi une porte sur l’histoire de chacun-e, sur la découverte de soi et des autres, elle espère, aussi, apaiser les relations humaines. Avec de telles valeurs d’humanité, d’humanisme, de solidarité, d’accessibilité, Marie-Françoise reste engagée et motivée au quotidien malgré les aléas de la vie d’entrepreneure. Si la vie de salariée lui apportait sécurité et tranquillité d’esprit, elle préfère sa liberté de faire, loin de toute injonction dans sa façon d’envisager son travail. Marie-Françoise reste lucide pour autant : « être à son compte c’est beaucoup de contraintes et de lourdeurs ! »
L’importance de garder le cap
S’il est un conseil qu’elle applique consciencieusement depuis qu’elle a commencé son projet, c’est de noter son idée originelle sur un papier qu’elle conserve précieusement pour le relire dès qu’elle se sent perdue. « C’est mon cap pour rester focus, quand ça part dans tous les sens ou que j’ai envie de tout envoyer valser ! »
Avec le temps, Marie-Françoise comprend également l’importance de s’accorder des pauses. On peut facilement se laisser happer par son projet, par l’envie de vouloir absolument finir un point, et c’est finalement là que l’on s’épuise. Consciente de la chance qu’elle a de pouvoir compter sur son entourage, elle a notamment demandé à son mari de jouer les garde-fous. Outre l’entourage personnel, l’entourage professionnel est également important. Marie-Françoise conseille à toutes les entrepreneures en herbe de veiller à bien trouver le ou la bon-ne interlocuteur-rice pour clarifier correctement son besoin et être correctement accompagnée.
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