La première marque de fleurs éthiques 100 % locales par Chloé Rossignol, co-fondatrice de Wetradlocal/Fleurs d’Ici

Comment proposer aux entreprises et aux particuliers des fleurs 100% locales et de saison ? C’est le challenge relevé par deux femmes passionnées pour inventer un modèle économique performant et à impact sur le marché des fleurs. Chloé Rossignol, co-fondatrice et Directrice Générale de Wetradelocal/Fleurs d’Ici, explique la voie qu’elle a choisie avec son associée pour développer leur entreprise inspirée du mouvement anglo-saxon slowflower.

Pourquoi avoir créé Fleurs d’Ici ?

Sur le marché français, 9 fleurs sur 10 sont importées.

Nous avons voulu créer avec Hortense Harang une marque de fleurs 100 % locales et de saison qui modifie notre mode de consommation des fleurs.

Notre système, développé grâce à la tech, permet de limiter les dommages environnementaux et sociaux qui affectent notre planète et impactent les producteur·rice·s horticoles et les fleuristes.

Comment la tech intervient-elle dans ce système ?

Avec notre équipe tech, qui représente près de la moitié de nos effectifs, nous avons développé WeTradeLocal.io, une solution tech de gestion de filières en local. Il s’agit d’un système de connexions entre des unités de productions agricoles locales, des distributeurs indépendants et des livreurs pour la partie logistique. Notre objectif est de rendre accessibles des produits locaux en termes de prix et de services. Si nous travaillons aujourd’hui sur la fleur, notre solution est applicable sur de très nombreux autres marchés et services.

Comment avez-vous acquis ces compétences dans la tech ?

J’ai un parcours professionnel dans l’industrie et la grande distribution. Celui-ci m’a permis de développer une expertise en supply chain et marketing ainsi qu’une compréhension de la scalabilité. En tant que cheffe de produit et acheteuse, j’ai toujours cherché à optimiser les volumes. Quand Hortense m’a parlé de son projet, j’ai eu envie de mettre mes compétences logistiques et financières au service de son idée pour construire avec elle un modèle économique performant et viable.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Notre valeur fondatrice est la redistribution et donc le partage. Notre modèle a pour vocation de redonner à chaque acteur·rice intervenant sur un produit la juste part liée à son activité et à son intervention. Actuellement, nos partenaires horticulteur·rice·s, fleuristes, transporteurs et livreurs ont de meilleures conditions avec Fleurs d’Ici qu’avec leurs autres activités. Cette valeur, au cœur de notre modèle, est importante pour moi, mais elle l’est surtout pour l’ensemble des acteur·rice·s.

Quel a été votre plus grand défi professionnel ?

J’ai contribué à retirer le glyphosate des rayons d’une grande enseigne nationale avant son interdiction officielle. À ce moment-là, c’était un sacré défi à relever ! Il a fallu modifier les habitudes d’achat pour les rendre plus qualitatives et éthiques tout en restant efficaces. La nouvelle organisation du monde implique de déployer des efforts et de trouver des outils innovants pour mettre en place un système vertueux et fiable.

Parlons maintenant entrepreneuriat. Quelles raisons vous ont poussée à choisir cette voie ?

L’entrepreneuriat est considéré comme dangereux pour les femmes, surtout dans la tech !

Pourtant, c’était une évidence pour moi. Devenir entrepreneure m’a permis de puiser dans mes expériences, d’en tirer tout le positif et d’être maîtresse de mon environnement. J’ai pu m’affranchir des blocages qu’on peut rencontrer dans des structures déjà établies. L’entrepreneuriat exige des sacrifices, mais cela vaut vraiment la peine de construire sa propre vision et de tout faire pour atteindre ses objectifs.

Qu’est-ce qui vous fait vibrer par-dessus tout dans votre quotidien d’entrepreneure ?

D’avoir rendu possible quelque chose que tout le monde nous disait impossible ! Nous voulons faire en sorte que chacun·e gagne mieux sa vie tout en simplifiant l’activité au quotidien et en ayant un modèle plus vertueux socialement et écologiquement. Beaucoup de nos partenaires actuels considéraient que ce modèle n’était pas viable. Pourtant cela fonctionne ! Comme nous avions eu des objections, c’est d’autant plus gratifiant de le voir s’épanouir et satisfaire ses utilisateur·rice·s au fil du temps. Cela rebooste et nous donne l’élan nécessaire pour aller plus loin !

Appartenir à des réseaux quand on crée son entreprise : est-ce une évidence ?

Bien sûr ! Les réseaux professionnels font intégralement partie de l’activité !

Pourtant, les femmes sont parfois moins présentes dans les réseaux, car elles font face à des difficultés pour concilier leur agenda professionnel avec la charge mentale de leur vie personnelle. Les réseaux féminins comme Femmes des Territoires ont conscience de ces contraintes et proposent une approche plus adaptée.

Un dernier mot pour les femmes qui souhaitent entreprendre ?

Je leur dirais de bien s’entourer, notamment d’autres femmes qui ont des postes de décisionnaires qui peuvent les aider dans leur lancement.

Les jeunes entrepreneures ont parfois davantage besoin d’argent que de conseils et elles doivent se battre pour obtenir des financements. Fleurs d’Ici est la preuve qu’en s’affranchissant de certaines limites, on peut y arriver ! Même face à un projet complexe et technique, les femmes peuvent mettre en pratique leur vision et se sentir alignées dans leur activité professionnelle.

Crédit Photo : Guillaume Roujas